mercredi 7 novembre 2012

Hors-la-loi

Ce spectacle théâtral devait trouver sa place dans ce blog, vu que l'action est située à Bodie, ville fantôme de la région minière du temps des pionniers de la ruée vers l'or, sur les contreforts du parc national de Yosemite. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas d'une pièce dans la lignée sociale de Steinbeck, mais bien d'un remake de western, avec tous ses clichés: le shériff défenseur de la loi, le méchant, fourbe et manipulateur, le compagnon du shériff, un peu benêt, la putain de service et l'institutrice nymphomane qui rêve de sortir de son trou. Le tout dans une mise en scène complètement décalée, bien servie par cinq talentueux acteurs, absolument polyvalents: ils chantent, dansent et manient l'humour au second degré avec maestria. On rit beaucoup, et on s'interroge inévitablement sur nos rapports personnels avec la loi, ainsi que sur les poncifs du genre western.
Je ne peux résister à ajouter une photo du vrai Bodie, haut lieu touristique de Californie.

mardi 2 octobre 2012

Ecologie radicale ou écoterrorisme

Tout en préparant le voyage en Syldavie (pardon l'Albanie), je dévore les deux volumes du Gang de la clef à molettes, d'Edward Abbey. Ne s'agit plus d'un essai, mais d'une sorte de polar - on trouve d'ailleurs les deux livres au rayon polars- qui met en scène des écoterroristes, c'est-à-dire des individus qui s'adonnent au sabotage de tout ce qui détruit la nature, celle que connaît Abbey, les canyons de l'ouest américain.
Les deux livres sont passionnants, les héros sympathiques, la critique de société volontairement outrancière (c'est la méthode Abbey), le style brillant, l'humour ravageur. Ce gang invraisemblable a inspiré le mouvement Earth First!, qui s'en revendique dans leur emblème (voir photo). Comme Greenpeace, mouvement pacifiste, prônant la désobéissance civile et les actions de terrain dangereuses et spectaculaires. J'avoue que c'est un domaine où je suis novice, même si je suis avec sympathie les échos dans la presse.
Par ailleurs, ces deux récits servent de prétexte à Abbey pour décrire - avec quel talent !- cette nature sauvage qu'il aime tant. Et le héros principal, George Hayduke (admirez le rappel du mot turco-roumain, haïduc, bandit d'honneur, Robin Hood), une sorte de Tintin ou d'Indiana Jones, qui se tire par miracle des situations les plus difficiles, incarne une figure christique de rédemption. Le meilleur de nous-mêmes, généralement enfoui sous les conventions.

jeudi 20 septembre 2012

Grandeur et misères

Un message alors que je n'ai pas fini la lecture du Gang de la clef à molettes (préfacée par Robert Redford)... Finalement, je suis contente d'avoir découvert Edward Abbey après mon voyage, et pas avant. Car ainsi je peux vérifier que je ne suis pas la seule à avoir éprouvé un malaise à Page, alors que l'ensemble des publications touristiques et des visiteurs est enthousiaste à l'excès. Pour Abbey, ce malaise est une révolte.
Page est une ville triste, sans âme et sans passé, construite dans les années soixante pour abriter les ouvriers du barrage du Lac Powell et ensuite les touristes du monde entier - je dirai majoritairement français (allez savoir pourquoi), et surtout américains. Une succession de motels, de magasins, de restaurants, d'agences navajos pour visiter les slot canyons (car on est en territoire navajo, ou juste à côté, allez savoir où se trouve la ligne de démarcation). Une rue où se succèdent côte à côte 12 ou 13 églises chrétiennes différentes (le chiffre diffère selon les sources), le commerce de la prière de la rue Jésus, comme l'appelle Abbey. Et en périphérie, les habitations-taudis des Navajos.
Le barrage - une fierté technique - a inondé un des plus beaux canyons de la région, le Glen Canyon - et le lac de retenue porte le nom de Powell, qui fut le premier à l'explorer en descendant le Colorado et ses rapides - une insulte à son nom. J'ai participé à une excursion en bateau sur le lac, avec exploration d'un canyon secondaire, et éprouvé une profonde nostalgie en imaginant tout ce qui est perdu au fond de l'eau. Et remplacé par des loisirs de luxe. Le Colorado qui coule sous le nouveau pont près du barrage est désormais canalisé... A quoi sert ce barrage ? A apporter l'électricité dans les villes champignons lointaines - et il n'est pas le seul, je pourrais aussi évoquer celui qui a été construit pour alimenter Las Vegas et se révèle insuffisant.
Mais l'ire d'Abbey se manifeste surtout à l'encontre du barrage du Lac Powell, que l'équipe de son livre veut saboter.
Dans le même ordre d'idées, je dois faire une rectification. Dans le magnifique paysage du Glen Canyon inondé, à quelques mètres de l'entrée des deux Antelope Canyon, en territoire navajo, surgit cette improbable centrale thermique au charbon, à ciel ouvert; dans mon blog, je l'ai qualifiée d'usine de cuivre, trompée que j'étais par le nom de la rue qui y mène: Copper Road. Depuis, je me suis documentée. Cette usine est une des 12 usines les plus polluantes des USA !!!!!! Elle n'appartient même pas aux Navajos, mais ils ont signé un contrat de longue durée, sans mesurer à l'époque les dangers futurs.  Quel paradoxe, dans ce lieu magnifique, ce paradis, gagné par une pollution extrême et irréversible.



Photos: vous me pardonnerez le mauvais cadrage...

mardi 18 septembre 2012

Je le tiens mon livre culte !!!!

Même si je lis 2 à 3 livres par semaine, même si je me tiens au courant des parutions, même si je fouine un peu partout, même si je suis à l'affût de toute piste ou de conseil judicieux, il a fallu bien du temps pour que je découvre ce livre et cet auteur; et si l'un d'entre vous le connaissait, je lui en voudrai le reste de ma vie de ne pas m'en avoir parlé.
Edward Abbey  (1927-1989) est ce qu'on appelle un Nature Writing, pas besoin de traduire. Son territoire, c'est l'ouest américain, qu'il connaît à fond et aime avec passion. Il a tout prédit, le réchauffement climatique, l'industrialisation inhumaine, la destruction de notre terre. Sorte d’anarchiste politique, d'écologiste radical, il a oeuvré toute sa vie à la sauvegarde des terres sauvages de l'ouest. A sa manière, pas toujours pacifique.

Désert solitaire est un essai, une sorte de pendant à Walden ou la vie dans les bois, de Henry Thoreau, un classique que j'ai lu aussi.
Abbey y relate ses séjours solitaires comme ranger dans le parc national d'Arches - à une époque où il n'y avait pas de route dans le parc, et seulement quelques randonneurs. Et aussi quelques expériences comme par exemple la descente du Colorado en petit canot pneumatique, dans le Glen Canyon, juste avant que le dit canyon ne soit inondé pour le barrage du lac Powell, qui n'irrigue pas les terres avoisinantes des Indiens mais procure de l'électricité aux mégalopoles lointaines - et accessoirement la possibilité pour les riches Blancs de faire du ski nautique et de passer le we sur de luxueux house boats.
Ce que j'ai vu de mes propres yeux.
Et tous les lieux décrits, ou presque, je les ai vus également. C'est la première fois que je ne zappe pas les descriptions dans un livre. Abbey est un magicien.
Un style, donc; et une pensée directe qui va droit au but. Et un humour impertinent. Et une humanité digne. Certains, paraît-il, après la lecture de ce livre, ont tout quitté et décidé de vivre autrement. Pour moi il est trop tard, sauf peut-être pour changer dans ma tête une certaine vision des terres sauvages, et adapter ma façon de vivre et de voyager. Autant que faire se peut.

Je lis ce livre avec lenteur, pour bien m'en imprégner. Et ensuite, je me plongerai dans Le gang de la clef à molettes, où Abbey met en scène un groupe d'activistes farfelus qui sabotent les sites industriels qui détruisent la nature. Je me régale d'avance.

Je ne sais si j'ai fait passer mon enthousiasme, je l'espère, car je connais parmi mes lecteurs au moins un jeune homme qui vibrerait comme moi à cette lecture.

C'est un de ces livres à la lecture duquel on se sent meilleur.

Et si on parlait livres ?

Je n'ai pas manqué de me plonger dans la lecture de la littérature américaine contemporaine - un peu au hasard je l'avoue. J'aime Jonathan Franzen, Paul Auster et surtout Russel Banks, et d'autres moins contemporains comme John Fante. Mais celui dont je veux vous parler est T.C. Boyle.
Prolixe, style éblouissant, culture phénoménale, humour ravageur - voilà de quoi le caractériser. Le livre dont je publie la couverture plonge dans une sorte de biographie de mon architecte préféré, Frank Lloyd Wright. A travers les femmes qui ont partagé sa vie. Une vie incroyable, le grand artiste était aussi un grand salaud, un égoïste à l'ego surdimensionné et un tyran domestique. Tout l'art de Boyle est de nous le rendre finalement presque sympathique...Bien sûr j'ai vibré à la description de Taliesin, cette maison d'avant-garde,  détruite plusieurs fois par un incendie et chaque fois reconstruite plus grande et plus complexe, où il vivait en autarcie avec sa famille et ses disciples, mangeant ses légumes et échafaudant les plans de ses géniales demeures. Il fut l'inventeur des maisons préfabriquées, pour changer des splendides villas luxueuses dessinées pour les millionnaires de l'époque. Rappel : on lui doit le musée Guggenheim à New York et l'hôtel Impérial à Tokyo.

Je ne me pardonnerai jamais de n'avoir pas prévu un jour de plus à Phoenix, pour visiter sa dernière maison, Taliesin West, où il vécut les dernières années de sa vie, maison gardée en l'état, transformée en école d'architecture, bâtie au milieu des cactus, au bord d'un canal pour l'irrigation de la ferme qui lui permettait de vivre en autarcie. Rappel: j'y étais un mardi, et c'était fermé. Comme en France, et inhabituel aux USA.
Encore un détail: Boyle habite en Californie, dans une maison de Frank Lloyd Wright, ça rapporte d'écrire des bouquins...



Sous la neige, Taliesin (Wisconsin), en haut Taliesin West (Phoenix), et dans les bois, la maison de Boyle. Et pour terminer, Boyle himself, pas du tout l'image qu'on se fait d'un rat de bibliothèque...

mardi 4 septembre 2012

Comment garder les routes et les parkings propres?

Au Wyoming, on ne tergiverse pas (photo)
Et c'est pareil dans les autres états.
Résultats ? propreté maximum, pratiquement partout.
(quand je pense aux aires de repos des autoroutes wallonnes, je suis honteuse...)

Les Français aiment les USA !

Un petit clin d'oeil à Magali...
Dans tous mes voyages, c'est aux USA que j'ai rencontré le plus de Français ! Principalement à Page et à Moab: ces deux villes sont littéralement colonisées.
A quoi reconnaît-on des Français ?
- ils parlent français, de préférence haut et fort, qu'on les repère bien.
- les hommes portent des t-shirts achetés sur place, à Las Vegas ou au Grand Canyon, les filles des tenues sexy très mode
- aux pieds, tous sexes confondus, soit des grosses chaussures de trek, soit ...des tongs
- ils sont jeunes, voyagent en famille avec des enfants, ou en groupes d'amis
- ils cherchent les combines les moins chères
- ils sont toujours très surpris de constater que les Américains ne parlent pas français...
Ceci dit, dans l'ensemble, sont assez sympa, bien qu'envahissants. Ne manque cependant jamais l'arrogant qui connaît tout et donne des leçons à qui veut ... l'écouter.

Après les Français, on rencontre surtout:
- des Japonais, en groupe, comme il se doit, très polis, très discrets
- des Italiens, parfaitement sans-gêne et désagréables, bruyants à l'extrême
- des Chinois, et si on leur demande d'où ils viennent, on découvre qu'ils sont américains...(même les restaurateurs chinois de SF ont le droit de faire du tourisme)
- des Indiens (d'Inde), apparemment riches, les dames en très joli sari, aristocrates distants
Pas l'ombre d'un Arabe, pas une femme en foulard; la seule que j'ai vu, c'est dans l'avion. Et pas de Noirs, même américains...
Pas rencontré un seul Belge.

Mais le touriste aux USA est avant tout...américain, blanc, ouvert et souriant, content de lui, sympa, prêt à rendre service, amateur de café et de fast food, bien nourri, et habillé n'importe comment. La mode américaine de la rue est lamentable.
Je termine cette petite analyse (qui n'engage que moi) par une petite fleur de Yellowstone, ayant échappé aux nombreux animaux protégés !