mercredi 7 novembre 2012

Hors-la-loi

Ce spectacle théâtral devait trouver sa place dans ce blog, vu que l'action est située à Bodie, ville fantôme de la région minière du temps des pionniers de la ruée vers l'or, sur les contreforts du parc national de Yosemite. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas d'une pièce dans la lignée sociale de Steinbeck, mais bien d'un remake de western, avec tous ses clichés: le shériff défenseur de la loi, le méchant, fourbe et manipulateur, le compagnon du shériff, un peu benêt, la putain de service et l'institutrice nymphomane qui rêve de sortir de son trou. Le tout dans une mise en scène complètement décalée, bien servie par cinq talentueux acteurs, absolument polyvalents: ils chantent, dansent et manient l'humour au second degré avec maestria. On rit beaucoup, et on s'interroge inévitablement sur nos rapports personnels avec la loi, ainsi que sur les poncifs du genre western.
Je ne peux résister à ajouter une photo du vrai Bodie, haut lieu touristique de Californie.

mardi 2 octobre 2012

Ecologie radicale ou écoterrorisme

Tout en préparant le voyage en Syldavie (pardon l'Albanie), je dévore les deux volumes du Gang de la clef à molettes, d'Edward Abbey. Ne s'agit plus d'un essai, mais d'une sorte de polar - on trouve d'ailleurs les deux livres au rayon polars- qui met en scène des écoterroristes, c'est-à-dire des individus qui s'adonnent au sabotage de tout ce qui détruit la nature, celle que connaît Abbey, les canyons de l'ouest américain.
Les deux livres sont passionnants, les héros sympathiques, la critique de société volontairement outrancière (c'est la méthode Abbey), le style brillant, l'humour ravageur. Ce gang invraisemblable a inspiré le mouvement Earth First!, qui s'en revendique dans leur emblème (voir photo). Comme Greenpeace, mouvement pacifiste, prônant la désobéissance civile et les actions de terrain dangereuses et spectaculaires. J'avoue que c'est un domaine où je suis novice, même si je suis avec sympathie les échos dans la presse.
Par ailleurs, ces deux récits servent de prétexte à Abbey pour décrire - avec quel talent !- cette nature sauvage qu'il aime tant. Et le héros principal, George Hayduke (admirez le rappel du mot turco-roumain, haïduc, bandit d'honneur, Robin Hood), une sorte de Tintin ou d'Indiana Jones, qui se tire par miracle des situations les plus difficiles, incarne une figure christique de rédemption. Le meilleur de nous-mêmes, généralement enfoui sous les conventions.

jeudi 20 septembre 2012

Grandeur et misères

Un message alors que je n'ai pas fini la lecture du Gang de la clef à molettes (préfacée par Robert Redford)... Finalement, je suis contente d'avoir découvert Edward Abbey après mon voyage, et pas avant. Car ainsi je peux vérifier que je ne suis pas la seule à avoir éprouvé un malaise à Page, alors que l'ensemble des publications touristiques et des visiteurs est enthousiaste à l'excès. Pour Abbey, ce malaise est une révolte.
Page est une ville triste, sans âme et sans passé, construite dans les années soixante pour abriter les ouvriers du barrage du Lac Powell et ensuite les touristes du monde entier - je dirai majoritairement français (allez savoir pourquoi), et surtout américains. Une succession de motels, de magasins, de restaurants, d'agences navajos pour visiter les slot canyons (car on est en territoire navajo, ou juste à côté, allez savoir où se trouve la ligne de démarcation). Une rue où se succèdent côte à côte 12 ou 13 églises chrétiennes différentes (le chiffre diffère selon les sources), le commerce de la prière de la rue Jésus, comme l'appelle Abbey. Et en périphérie, les habitations-taudis des Navajos.
Le barrage - une fierté technique - a inondé un des plus beaux canyons de la région, le Glen Canyon - et le lac de retenue porte le nom de Powell, qui fut le premier à l'explorer en descendant le Colorado et ses rapides - une insulte à son nom. J'ai participé à une excursion en bateau sur le lac, avec exploration d'un canyon secondaire, et éprouvé une profonde nostalgie en imaginant tout ce qui est perdu au fond de l'eau. Et remplacé par des loisirs de luxe. Le Colorado qui coule sous le nouveau pont près du barrage est désormais canalisé... A quoi sert ce barrage ? A apporter l'électricité dans les villes champignons lointaines - et il n'est pas le seul, je pourrais aussi évoquer celui qui a été construit pour alimenter Las Vegas et se révèle insuffisant.
Mais l'ire d'Abbey se manifeste surtout à l'encontre du barrage du Lac Powell, que l'équipe de son livre veut saboter.
Dans le même ordre d'idées, je dois faire une rectification. Dans le magnifique paysage du Glen Canyon inondé, à quelques mètres de l'entrée des deux Antelope Canyon, en territoire navajo, surgit cette improbable centrale thermique au charbon, à ciel ouvert; dans mon blog, je l'ai qualifiée d'usine de cuivre, trompée que j'étais par le nom de la rue qui y mène: Copper Road. Depuis, je me suis documentée. Cette usine est une des 12 usines les plus polluantes des USA !!!!!! Elle n'appartient même pas aux Navajos, mais ils ont signé un contrat de longue durée, sans mesurer à l'époque les dangers futurs.  Quel paradoxe, dans ce lieu magnifique, ce paradis, gagné par une pollution extrême et irréversible.



Photos: vous me pardonnerez le mauvais cadrage...

mardi 18 septembre 2012

Je le tiens mon livre culte !!!!

Même si je lis 2 à 3 livres par semaine, même si je me tiens au courant des parutions, même si je fouine un peu partout, même si je suis à l'affût de toute piste ou de conseil judicieux, il a fallu bien du temps pour que je découvre ce livre et cet auteur; et si l'un d'entre vous le connaissait, je lui en voudrai le reste de ma vie de ne pas m'en avoir parlé.
Edward Abbey  (1927-1989) est ce qu'on appelle un Nature Writing, pas besoin de traduire. Son territoire, c'est l'ouest américain, qu'il connaît à fond et aime avec passion. Il a tout prédit, le réchauffement climatique, l'industrialisation inhumaine, la destruction de notre terre. Sorte d’anarchiste politique, d'écologiste radical, il a oeuvré toute sa vie à la sauvegarde des terres sauvages de l'ouest. A sa manière, pas toujours pacifique.

Désert solitaire est un essai, une sorte de pendant à Walden ou la vie dans les bois, de Henry Thoreau, un classique que j'ai lu aussi.
Abbey y relate ses séjours solitaires comme ranger dans le parc national d'Arches - à une époque où il n'y avait pas de route dans le parc, et seulement quelques randonneurs. Et aussi quelques expériences comme par exemple la descente du Colorado en petit canot pneumatique, dans le Glen Canyon, juste avant que le dit canyon ne soit inondé pour le barrage du lac Powell, qui n'irrigue pas les terres avoisinantes des Indiens mais procure de l'électricité aux mégalopoles lointaines - et accessoirement la possibilité pour les riches Blancs de faire du ski nautique et de passer le we sur de luxueux house boats.
Ce que j'ai vu de mes propres yeux.
Et tous les lieux décrits, ou presque, je les ai vus également. C'est la première fois que je ne zappe pas les descriptions dans un livre. Abbey est un magicien.
Un style, donc; et une pensée directe qui va droit au but. Et un humour impertinent. Et une humanité digne. Certains, paraît-il, après la lecture de ce livre, ont tout quitté et décidé de vivre autrement. Pour moi il est trop tard, sauf peut-être pour changer dans ma tête une certaine vision des terres sauvages, et adapter ma façon de vivre et de voyager. Autant que faire se peut.

Je lis ce livre avec lenteur, pour bien m'en imprégner. Et ensuite, je me plongerai dans Le gang de la clef à molettes, où Abbey met en scène un groupe d'activistes farfelus qui sabotent les sites industriels qui détruisent la nature. Je me régale d'avance.

Je ne sais si j'ai fait passer mon enthousiasme, je l'espère, car je connais parmi mes lecteurs au moins un jeune homme qui vibrerait comme moi à cette lecture.

C'est un de ces livres à la lecture duquel on se sent meilleur.

Et si on parlait livres ?

Je n'ai pas manqué de me plonger dans la lecture de la littérature américaine contemporaine - un peu au hasard je l'avoue. J'aime Jonathan Franzen, Paul Auster et surtout Russel Banks, et d'autres moins contemporains comme John Fante. Mais celui dont je veux vous parler est T.C. Boyle.
Prolixe, style éblouissant, culture phénoménale, humour ravageur - voilà de quoi le caractériser. Le livre dont je publie la couverture plonge dans une sorte de biographie de mon architecte préféré, Frank Lloyd Wright. A travers les femmes qui ont partagé sa vie. Une vie incroyable, le grand artiste était aussi un grand salaud, un égoïste à l'ego surdimensionné et un tyran domestique. Tout l'art de Boyle est de nous le rendre finalement presque sympathique...Bien sûr j'ai vibré à la description de Taliesin, cette maison d'avant-garde,  détruite plusieurs fois par un incendie et chaque fois reconstruite plus grande et plus complexe, où il vivait en autarcie avec sa famille et ses disciples, mangeant ses légumes et échafaudant les plans de ses géniales demeures. Il fut l'inventeur des maisons préfabriquées, pour changer des splendides villas luxueuses dessinées pour les millionnaires de l'époque. Rappel : on lui doit le musée Guggenheim à New York et l'hôtel Impérial à Tokyo.

Je ne me pardonnerai jamais de n'avoir pas prévu un jour de plus à Phoenix, pour visiter sa dernière maison, Taliesin West, où il vécut les dernières années de sa vie, maison gardée en l'état, transformée en école d'architecture, bâtie au milieu des cactus, au bord d'un canal pour l'irrigation de la ferme qui lui permettait de vivre en autarcie. Rappel: j'y étais un mardi, et c'était fermé. Comme en France, et inhabituel aux USA.
Encore un détail: Boyle habite en Californie, dans une maison de Frank Lloyd Wright, ça rapporte d'écrire des bouquins...



Sous la neige, Taliesin (Wisconsin), en haut Taliesin West (Phoenix), et dans les bois, la maison de Boyle. Et pour terminer, Boyle himself, pas du tout l'image qu'on se fait d'un rat de bibliothèque...

mardi 4 septembre 2012

Comment garder les routes et les parkings propres?

Au Wyoming, on ne tergiverse pas (photo)
Et c'est pareil dans les autres états.
Résultats ? propreté maximum, pratiquement partout.
(quand je pense aux aires de repos des autoroutes wallonnes, je suis honteuse...)

Les Français aiment les USA !

Un petit clin d'oeil à Magali...
Dans tous mes voyages, c'est aux USA que j'ai rencontré le plus de Français ! Principalement à Page et à Moab: ces deux villes sont littéralement colonisées.
A quoi reconnaît-on des Français ?
- ils parlent français, de préférence haut et fort, qu'on les repère bien.
- les hommes portent des t-shirts achetés sur place, à Las Vegas ou au Grand Canyon, les filles des tenues sexy très mode
- aux pieds, tous sexes confondus, soit des grosses chaussures de trek, soit ...des tongs
- ils sont jeunes, voyagent en famille avec des enfants, ou en groupes d'amis
- ils cherchent les combines les moins chères
- ils sont toujours très surpris de constater que les Américains ne parlent pas français...
Ceci dit, dans l'ensemble, sont assez sympa, bien qu'envahissants. Ne manque cependant jamais l'arrogant qui connaît tout et donne des leçons à qui veut ... l'écouter.

Après les Français, on rencontre surtout:
- des Japonais, en groupe, comme il se doit, très polis, très discrets
- des Italiens, parfaitement sans-gêne et désagréables, bruyants à l'extrême
- des Chinois, et si on leur demande d'où ils viennent, on découvre qu'ils sont américains...(même les restaurateurs chinois de SF ont le droit de faire du tourisme)
- des Indiens (d'Inde), apparemment riches, les dames en très joli sari, aristocrates distants
Pas l'ombre d'un Arabe, pas une femme en foulard; la seule que j'ai vu, c'est dans l'avion. Et pas de Noirs, même américains...
Pas rencontré un seul Belge.

Mais le touriste aux USA est avant tout...américain, blanc, ouvert et souriant, content de lui, sympa, prêt à rendre service, amateur de café et de fast food, bien nourri, et habillé n'importe comment. La mode américaine de la rue est lamentable.
Je termine cette petite analyse (qui n'engage que moi) par une petite fleur de Yellowstone, ayant échappé aux nombreux animaux protégés !

lundi 3 septembre 2012

Mes regrets

Oui j'ai quelques regrets...
De n'être pas restée plus longtemps à Yellowstone (Françoise me dit que je n'ai qu'à y retourner...)
De ne pas avoir vu d'ours ni de loup
De ne pas être restée un jour de plus à Arches, d'avoir été obligée de renoncer aux Needles, de ne pas avoir randonné davantage à Sedona, ni au Grand Canyon
De ne pas avoir pris le train entre Durango et Silverton
D'avoir trouvé porte close à Taliesin West (Phoenix), la dernière maison de Frank Lloyd Wright
D'avoir dû, dans l'ensemble, faire des choix parfois difficiles.
Encore une fois, dit Françoise, tu n'as qu'à y retourner...
Et enfin, le motel de Page, une très mauvais choix (cher et très moyen), alors que tous mes hôtels étaient confortables et souvent originaux.
A l'heure du débriefing, je fais le bilan : voyage magnifique, mais un peu trop ambitieux !

lundi 27 août 2012

Date du voyage et chaleur

Pourquoi fallait-il, m'a-t-on demandé récemment, partir en juillet-août, et subir les températures extrêmes du Nouveau Mexique ?
Initialement, mon projet était encore plus long... Je comptais dépasser Las Vegas, loger une nuit au fabuleux Furnace Creek dans la Vallée de la Mort, et parcourir le Yosemite Park. Or, la route qui vient de la vallée de la mort entre dans Yosemite par un col (superbe, paraît-il), fermé presque toute l'année. En 2012, il a ouvert le 18 juin !!!! Après Yosemite, je voulais séjourner deux ou trois jours à San Francisco, dont je n'ai pas épuisé tous les musées.
Cette partie du projet est tombée à l'eau; imaginez, mon parcours aurait probablement été de 9000 km. Un peu beaucoup quand même.
Et puis il y avait Yellowstone... Même topo, beaucoup de routes fermées jusqu'au printemps. Bref, j'ai combiné un circuit dans plusieurs états (Rappel: Utah, Idaho, Wyoming, Colorado, Nouveau Mexique, Arizona, Nevada), et il a bien fallu que je supporte les températures extrêmes du sud, encore plus extrêmes que d'habitude puisque les USA subissaient une forte vague de chaleur.
J'aurais pu partir fin juin, ou début septembre, mais ce sont des dates bloquées par les évènements familiaux, et en plus la fête du travail américaine tombe le premier lundi de septembre et c'est l'occasion d'un grand congé et de bousculades sur les routes et les sites touristiques - et d'augmentation du prix des hôtels et des avions.
De toute façon, il est très difficile de choisir une période parfaite pour un tel périple. J'ai fait de mon mieux ! J'ai eu chaud à Phoenix, mais j'ai survécu. Ce n'est pas pour rien que les Américains ont inventé l'airco.
Photo: le pays navajo, au petit matin,vu du lac Powell

dimanche 26 août 2012

Récapitulons

Avec ma Dodge Avenger, j'ai parcouru 4409 miles, soit 7095 km. Pas mal !!!
Sans anicroche, sauf un petit éclat dans le pare-brise, et j'attends la réaction d'Alamo.
L'essence ordinaire est à 3.699 $ le gallon (à peu près, ça varie autour de ce prix-là), et un gallon vaut 3, 78 litres; je vous laisse faire le calcul....
Rouler sur les routes secondaires est très relax, sur les autoroutes, moins: beaucoup de camions énormes très rapides.
Mon GPS m'a bien servi dans les grandes villes, ailleurs pas du tout, il est resté dans la valise la plupart du temps. Avec mon téléphone.
Revoici mon itinéraire, pour vous donner une vue d'ensemble. Je signale que vous pouvez agrandir les cartes.

Première partie (résumé)

Salt Lake City et Antelope Island sur le grand lac salé.
Crater of the moon
Le parc du Grand Teton et Yellowstone
Cody, Buffalo Bill et un rodéo
Vernal et le parc des dinosaures

Partie 2 (résumé)

Arches national park,
Canyonlands
Black Canyon of Gunnison
Million dollars Highway
Pueblos indiens
Santa Fe
Gallup et le pow wow

Partie 3 (résumé)

Canyon of Chelly
Petrified Forest
Sedona
Phoenix
Lac Powell et slot canyons
Grand Canyon (nord)
Las Vegas

Las Vegas, ultime étape

Si l'on peut dire... Parce que je n'ai fait qu'entrevoir le strip (l'avenue des grands hôtels, le coeur de la ville), et j'ai passé ma dernière nuit dans un hôtel proche de l'aéroport. De toute façon, Las Vegas, j'avais donné l'an dernier, avec Eveline, et je n'avais pas trop aimé. Le comble du kitsch, du vulgaire et du tape à l'oeil.
J'ai eu de la chance, avec les avions du retour: voisins calmes, ponctualité des vols. Françoise l'amie de toujours m'attendait à Zaventem.
Photos: le strip vu de mon hôtel; les machines à sous de...l'aéroport (au cas où il vous resterait quelques dollars à perdre); et l'étalage de merchandising  à Washington, mon escale. Sur une même table, les bibelots à l'effigie des deux candidats à la Maison Blanche. On y vend même du PQ à l'image des deux présidentiables: vous pouvez, au choix, vous torcher le c... avec celui que vous n'aimez pas ! Ou boire votre thé dans un mug avec photo, histoire de faire de la pub à votre candidat à domicile. Ou arborer un t-shirt, plus voyant pour affirmer sa position. America !



mardi 21 août 2012

Du grand canyon à Las Vegas

Pas mal de kilomètres, et deux arrêts.





Le premier à Pipe Springs National Monument, un ancien ranch mormon transformé en musée, au milieu de la réserve des Indiens Paiute, dont je n'avais jamais entendu parler, et désormais, je suis imbattable sur le sujet.
Et puis à Valley of Fire, qui porte bien son nom, des formations d'un rouge flamboyant, qui ne sont pas sans rappeler... la Cappadoce !
Et enfin je suis arrivée à Las Vegas, j'ai aperçu les grands hôtels du Strip de l'autoroute, j'ai rendu ma voiture et me suis installée à La Quinta, un hôtel de chaîne près de l'aéroport, confortable et tout et tout.
Les aventures n'étaient pas terminées, j'avais oublié une partie de mon GPS dans l'auto, je suis retournée chez Alamo, et je l'ai retrouvé !!!
Et maintenant je vous écris; il me reste une petite nuit à passer ici, je prends le shuttle de l'hôtel à 4h25. Et adieu l'Amérique.
Je serai à Ligny mercredi matin, sans doute complètement chamboulée par le décalage horaire. Je vous embrasse tous et vous dis un grand merci de m'avoir si fidèlement suivie !
Votre Virginie

Un mot sur les campings


Les Américains adorent le camping. Il y a des terrains partout, toujours bien situés, en pleine nature, propres, réglementés, mais rien à voir avec nos terrains européens. Le confort y est généralement minimal, de l’eau et des toilettes, et parfois même pas d’eau. On peut même faire du camping sauvage dans les parcs nationaux, à condition d’obtenir un permis des rangers.
On y voit très peu de tentes, surtout en été, il fait beaucoup trop chaud. La grande affaire des Américains, ce sont les trailers, ce que nous appelons camping cars, ou mobilhomes ; sont parfois aussi grands que des autobus, comme celui de la photo, qui tire une voiture et des vélos, comme ça, arrivés sur place, on peut circuler sur les petites routes en voiture et pédaler. J’imagine que le confort doit être maximal à l’intérieur, y compris le sacro-saint airco.
Ici, au grand canyon, le terrain de camping est magnifique, très étendu, sous les pins, avec des douches et un magasin (rare) ; mais encore une fois, rien à voir avec nos style villages de vacances, caravanes et chalets l’un sur l’autre, piscine, animations et jeux pour enfants ; ici la nature, et rien que la nature, et on apporte tout avec soi, y compris l’eau, les glaçons (qu’on vend en grands sacs), la bouffe et tout le nécessaire. Beaucoup d’espace entre les campeurs. Une autre conception. Il est vrai que les Américains ont l’espace, ce que nous avons perdu.

La faune du coin


La faune du coin
J’ai eu de la chance. Vu plusieurs mule deers (les cervidés locaux), dont un qui dévalait la route devant moi, mais surtout un gentil, croisé sur un sentier, qui s’est laissé tirer le portrait sans protester.
Les écureuils (très speedy) sont innombrables, difficiles à coincer…


Et une autre chance : j’ai pu observer deux woody woodpeker, dont j’ai oublié le nom en anglais, un genre de pic vert, qui fait pic pic avec son bec sur les arbres pour trouver des insectes. Des travailleurs infatigables.  Mais la photo n’est pas très claire, je ne vous l'envoie même pas.

Dernière soirée



Au grand canyon, car celle de Las Vegas ne compte pas à mes yeux.
Le temps est resté orageux, pluvieux et frisquet. Au restaurant, j’ai obtenu une fenêtre avec vue sur le canyon, mais la vue était bien triste. C’était l’heure du coucher de soleil, et les nuages cachaient toutes les couleurs. Le grand canyon me disait à sa façon sa tristesse de mon départ. Eh oui ! les beaux voyages ont une fin.
J’ai traîné un peu dans l’hôtel, je ne savais pas me détacher de cette dernière soirée. J’ai ainsi pu lire que les mules que l’on peut louer pour descendre dans le canyon sont aussi historiques que l’hôtel, une race presque aussi grande que des chevaux, et qui ne parlent que l’anglais ; cad qu’il faut être à l’aise sur un cheval pour s’engager dans ce genre de sport, et surtout qu’il faut comprendre le chef de file en cas de danger. Bref, je le savais, pas une activité  pour moi, surtout à 40 dollars l’heure (sans les taxes et le tip). En plus, les mules refusent de porter les gens de plus de 220 machins (je ne comprends rien aux mesures américaines), ce qui se vérifie sur une balance à la réservation.
Mon truc, c’est la marche. Mais les conditions de sécurité n’étaient certes pas réunies en ces deux jours orageux. Sinon, je crois que peut-être je serais descendue jusqu’au premier arrêt intermédiaire. Les solides qui entreprennent la descente du côté nord (le côté sud est plus court) le font en deux jours, il y a un camping à mi-chemin. ET puis ils campent aussi près du Colorado. Comme l’a fait mon amie Françoise dans sa jeunesse. Pour moi c’est trop tard, mais je ne regrette pas, j’ai beaucoup aimé les balades d’hier.
Pour occuper les pensionnaires, le cinéma de l’hôtel programmait Death in Grand Canyon ou How a dream became a tragedy. Charmant.
Je suis rentrée dans mon chalet en voiture électrique, à la disposition des fainéants : il faisait nuit noire et il pleuvait.
Photo : le Colorado vu du Point Royal ; c’est le seul endroit du nord où l’on peut le voir ; pas très claire, la photo, je sais…, 

Walking in the pines
















Au grand canyon, on n’a pas le choix : c’est soit se balader dans la forêt, soit attaquer le North Kaibab Trail, qui descend dans le canyon. 23 miles et 1800 m de dénivelée, si j’ai bien retenu. Je connais mes limites, très peu pour moi, même une partie. Sentiers défoncés et boueux – les orages et les sabots des mules, averses qui vous tombent sur la tête sans prévenir, et effort trop dur, non, ce n’est pas pour moi. J’aurais pu prendre une mule, me direz-vous ! Franchement, j’ai horreur de me balancer sur le dos d’un animal, surtout en descente.
Bref, j’ai marché sous les pins, et c’était magnifique, surtout le matin, avec le soleil. Dès midi, les orages sont arrivés comme prévu.  J’ai eu beaucoup de chance, j’ai évité la drache, mais pas les photos « atmosphériques », comme dit Eveline. C’est un peu dommage, mais c’est comme ça. Après-midi j’ai pris ma voiture, à l’assaut des points de vue des environs, le point impérial (8 miles), le point royal (20 miles)(le plus beau), et le point de ceci et de cela. Des petites routes qui serpentent dans la forêt.  Magnifique, il n’y a pas de mot. Le Grand Canyon est quelque chose de très spécial, la nature s’est surpassée, et je crois qu’il n’y a rien au monde qui me touche de cette façon.
Un point de vue célèbre – le point sublime – est cependant inaccessible en voiture normale : le chemin n’est pas asphalté ( 18 miles)
J’ai voulu faire une petite marche (facile, 6 km AR) du côté du point royal, mais les rangers interdisaient l’entrée du sentier : un feu avait pris, spontanément (pas rare, d’après eux)… Il était sous contrôle, disaient-ils, mais par prudence, valait mieux aller marcher ailleurs.
La route traversait une partie de la forêt où l’orage avait été violent, et figurez-vous qu’il était tombé de la neige !!!!! Incroyable, de la neige avec 66°F., après un orage… Quelle démesure ! Neige et feu, à quelques miles de distance. Ce pays n’est pas normal.
En conclusion, j’ai marché 12 km, plus tous les chipotages autour des points de vue. Et ce soir, snif, j’ai remisé mon stick et mon tube de Fastum gel. Tout a une fin.
Un mot sur les rangers : c’est un métier formidable, gardien des sites, guides, historiens, géographes, sportifs ; bel uniforme, toujours aimables et serviables, et très présents.

Lever de soleil sur le grand canyon


Ce matin, je me  suis levée à 05H pour l’événement. Je n’étais évidemment pas la seule, mais on ne s’écrasait pas aux points de vue, ici ce n’est pas la grande foule (comme à la rive sud).  La plupart des visiteurs ne passent pas la nuit au lodge. Mais ceux qui le font ont déboursé quelques dollars (surtout pour les cabins avec vue sur le canyon) et réservé longtemps à l’avance (comme moi). Je n’ai pas vue sur le canyon de mon balcon, mais j’ai à peine 3 minutes de marche pour y parvenir, alors j’apprécie mon économie (la nuit on ne voit quand même rien).
Le soleil se lève à l’est (oui je sais que vous le savez), et il éclaire progressivement le canyon, qui, vu d’ici, s’étend vers l’ouest. C’est évidemment magique. Les rochers qui étaient éclairés hier soir restent dans l’ombre, et vice versa. Je n’ai jamais autant photographié les mêmes paysages (j’en suis à ma 4ème carte de 4GB , et elle se termine), toutes les phases y passent, car je sais que plus jamais je ne reviendrai ici, et que j’ai beaucoup de chance d’avoir pu me l’offrir. Je veux des souvenirs.
J’ai passé une super nuit, sans airco, et le matin j’ai mis un pull… Enfin un climat humain ! On est à 2500 m, comme à Yellowstone. Je termine comme j’ai commencé, dans le grandiose.







(et vous, pendant ce temps, paraît que vous grillez sous un soleil de plomb…)